mardi 15 mars 2022

Guerre en Ukraine: la science pour la paix?


Il n’était pas rare que, lorsque le soleil ne se montrait pas timide, je me rendis à pied en centre-ville. Le chemin entre le campus universitaire et la place de la Comédie, fort agréable, permet de découvrir une partie du Montpellier historique. Nous étions l’un de ces jours lorsque je fis abordé par une jeune fille déboussolée. Se tenant devant le CROUS, fermé à cette heure-ci, elle m’interrogea sur les horaires d’ouverture et m’indiqua qu’elle cherchait un logement étudiant. A cette époque-là de l’année sa requête me semblait suffisamment étrange pour que je l’interrogeasse à mon tour. Originaire du centre de la France, mineure et non étudiante, elle était arrivée relativement par hasard à Montpellier quelques heures plus tôt. Je n’en sus pas plus mais assez pour la conduire à un hôtel du centre, lui payer une chambre pour la nuit et lui donner mon numéro. Au cas où. Le cas se présenta dès le lendemain. Et pratiquement tous les jours les mois qui suivirent. Sa vie n’était que drame. Accroc à l’héroïne avant ses quinze ans, elle est mise à la porte par sa mère qui ne la supporte plus. S’en suivra un an de squats crasseux et de viols sur les routes de l’hexagone. Pas encore âgé de dix-sept ans au moment où nos chemins se croisèrent elle n’avait connu de l’amour que la violence animale des hommes. Blessée, le corps mort, mais l’âme vive, elle tentait désespérément de ne pas couler. Tout en elle était douleur. Elle humait l’air, non pour vivre, mais dans l’attente de sentir l’espoir passer. Pour survivre.

 

Au cours de mes études, à cette époque ou le temps ne s’effiloche pas dans nos doigts comme un bas trop longtemps porté, j’ai usé les trottoirs montpelliérains. Pour diverses raisons. Politiques tout d’abord. Humaine par la suite. Des êtres blessés par la vie, de pauvres carcasses humaines essayant de survivre, j’en ai connu. Souvent talentueux, ces humains rejetés, par leurs parents, une famille ou par un employeur, se mourraient sous les yeux clos des passants. Je me souviens de cette vieille femme abandonnée de tous ne pouvant se loger à cause de sa retraite trop maigre. Morte sous le poids de la violence de la rue. Je me souviens cette pianiste géniale, constamment droguée et sans le sous qui nous donnait de magistraux concerts sur ce piano posé pour l’usage de tous à la gare. Je me souviens…Tant d’autres !

 

Cette terrible misère pourtant n’a pas connu l’horreur de la guerre. La guerre c’est pire ! Plus poussiéreux, plus bruyant, plus dangereux ! Si dans la rue on prie pour survivre une nuit de plus, le pari se fait pour une minute dans une guerre ! Plus implacable que la rue, la guerre broie. Des hommes, des femmes, des enfants. De tout âge, de toute condition. Elle broie, ampute, tue, esseule sans état d’âme. Des orphelins, le cœur emplit de stupeur puis de haine naissent à tous les coins de rue. Ils appartiendront à l’Histoire et, plus tard, on leur demandera d’y entrer avec fracas par la vengeance. Pour la grandeur ! Le sang comme gloire ! Quelle triste destinée !

 

Dans cette guerre qui oppose l’Ukraine et la Russie, je pense aux femmes ukrainiennes qui voient, la larme à l’œil et la peur au ventre, leurs maris, leurs enfants, prendre les armes pour défendre leur patrie. Leur résistance est héroïque. Certes ! Mais terrible aussi ! Car cela l’est de tirer sur un autre homme ! Je me souviens de ces mots de feu le résistant Yves Guéna : « se battre pour son pays, ce n’est pas de la violence, c’est de la grandeur ». Terrible sort pour l’Ukraine ! Mais je pense aussi aux femmes russes qui, elles aussi, ont vu leurs maris, leurs enfants partir faire la guerre chez le voisin. Beaucoup ne reviendront pas ! Beaucoup de ces femmes, de ces mères russes finiront leur vie en pleurant ! Quelle misère ! Quelle tragédie !

 

Lorsque l’on use de ce mot : guerre, nous ne devons jamais oublier ce qu’il représente. Sacrifice, sang versé, désespoir, horreur ! Il n’est pas un mot à agiter par plaisir, par délectation, par ennui. Il est un mot sérieux par les ravages qu’il porte en lui.

 

De cette guerre je ne connais rien. Je ne connaissais pas la géopolitique de l’Europe de l’est hier, je ne la connais pas plus aujourd’hui ! Certains sont devenus des spécialistes dans la nuit se forgeant de solides opinions qu’ils brandissent. D’autres, souvent journalistes, nous parlent, la peur faisant vendre, de troisième guerre mondiale. Tant mieux pour eux !

 

Dans ce chaos ambiant, et sans être un pacifiste, loin s’en faut, je souhaite parler de paix ! Dans cette guerre je n’ai ni opinion ni barrière. Deux peuples frères se massacrent. Je ne suis ni pour l’un ni pour l’autre. Et donc pour les deux. Mon étendard à moi est la science. Et la science est pacifique !

 

La science ouvre des ponts entre civilisations par la collaboration des intelligences. Les défis que nous autres humains avons à relever sont nombreux. La science, à l’image de l’évolution créatrice, sait être compétitive et collaborative. La communauté scientifique se doit de promouvoir la paix par la collaboration de ses membres. Des êtres s’interrogeant ensemble et travaillant de concert aux réponses ne peuvent se faire la guerre. La communauté scientifique a donc un rôle nécessaire et impératif à jouer pour que ces deux pays puissent sereinement reprendre le chemin de la paix. Personnellement je vous présenterai des recherches intéressantes effectuées par des équipes des deux pays. La mise en avant de l’intelligence, de la compréhension et de la réflexion couplée à la lutte contre la désinformation, est une façon parmi d’autres de faire taire les armes. Mais, en tant que jeune chercheur, c’est la seule dont je dispose.

Paul-Emmanuel Vanderriele

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