mercredi 1 septembre 2021

Analyse et debunkage des propos du Professeur Raoult chez Hanouna (30/08/2021)

 

Le 30 août 2021, le Professeur Raoult était l’invité d’une chaîne de télévision française, C8, dans une populaire émission. Comme à son habitude il a fait des déclarations étonnantes pour un chercheur. Et, puisqu’elles m’ont surprises je souhaite ici rapidement les analyser. Au moins certaines.

« On a publié, bien sûr, plus de papiers que tous les français. On est à 112 publications internationales sur la Covid ».

Vérifiant ses dires, j’ai constaté que, selon les filtres utilisés pour une recherche Pubmed, on observe que le Professeur Raoult a co-signé entre 104 et 115 papiers (de tout type) sur la Covid-19. Son chiffre de 112 semble donc exact. Ce qui est surprenant ici est la quantité astronomique de papiers publiés. Astronomique ! N’ayons pas peur des mots.

En effet, pour publier un Original Research Paper, il est impératif de designer une étude, de faire ladite étude, de l’analyser statistiquement, de faire vérifier ses statistiques, d’écrire le papier, de l’envoyer, de passer par l’étape de révision par les pairs (le fameux peer-reviewing) avant la publication. Sans oublier que, lorsque l’on travaille avec des humains ou des animaux, une commission doit, au préalable, analyser et valider le design de notre étude.

Pour publier une Review, le chercheur devra poser un thème, chercher tous les papiers qui traitent de ce thème, les classer, les analyser, les mettre en corrélation pour en sortir des hypothèses viables qu’il pourra proposer à la communauté scientifique. Le processus de publication est identique, et donc aussi strict, que pour un Original Research Paper. Les pairs interviennent donc ici aussi.

Pour publier une Méta-Analyse, il faut définir une problématique en posant une hypothèse à laquelle on veut répondre (e.g : l’hydroxychloroquine, seule ou en association avec l’azythromicine, permet-elle de diminuer la durée d’hospitalisation des patients ayant contractés la Covid-19 ?), cherchant tous les articles traitant, de près ou de loin, de cette problématique, les analyser, les sélectionner (en expliquant dans le corps du texte cette sélection), les mettre en corrélation pour répondre à l’hypothèse. Là aussi, le processus de publication est identique aux autres types de papiers.

Ainsi, le fait que les équipes du Professeur Raoult aient pu être en capacité de faire en 16 mois (en comptant à partir de février 2020) 112 fois ce processus, interroge le scientifique que je suis. Mais il devrait également interroger le public. La rapidité avec laquelle les équipes de l’IHU marseillais publient (sur le seul sujet de la Covid-19, 7 papiers par mois) est la preuve que la recherche a failli. Ce binge-publishing, généralisé à l’échelle de la planète, a conduit à une surproduction, à une négligence du reviewing dont la durée a été drastiquement diminuée, à un contournement des diverses méthodologies scientifiques (oubli de groupe contrôles, mauvais modèles d’études, etc), à une surmultiplication d’articles d’opinion (référencés souvent comme des Original Articles). La recherche a failli et le public a sombré avec elle ! La qualité n’a pas été au rendez-vous !

 

« On a été les premiers au monde à trouver des variants parce que je fais de la génétique microbienne depuis 21 ans »

Cette affirmation est fausse. Et…Raoult l’avoue dans ses publications.

En effet, dans leur papier nommé : Emergence and outcomes of the SARS-CoV-2 ‘Marseille-4’ variant, publié le 23 mars 2021, ils évoquent deux épisodes majeurs. La première phase épidémique aurait, selon les auteurs de l’articles, débutée en février 2020 pour se terminer en mai 2020. La seconde phase épidémique serait brutalement survenue au mois de juin. Les auteurs indiquent qu’au vu de la courbe épidémique atypique ils ont fait l’hypothèse que cette phase serait le résultat de variants du SARS-Cov2. Une dizaine pour être précis. Ainsi, si l’on en croit cet article, les équipes de l’IHU marseillais n’ont fait l’hypothèse de variants qu’en juin 2020. Qui plus est, les articles publiés par ces équipes et mis dans la bibliographie de celui-ci, datent de…2021. Or, avant même juin 2020, des chercheurs avaient déjà décrit des mutations du SARS-COV2. Une équipe italienne notamment qui, le 22 avril 2020, publie cet article : Emerging SARS-COV2 mutation hotspots include novel RNA-dependent-RNA polymerase variant dans lequel il est clairement montré que le SARS-Cov2 mute.

 

"Il est vraisemblable, nous on a des données préliminaires qui montrent qu'il y avait du covid-19 au 19ème siècle"

Voilà sans doute l’affirmation la plus étrange de ces 22 minutes d’interview.

Puisqu’il s’agit de données préliminaires nous ne pouvons pas y avoir accès. Toutefois, il est possible et probable que le Professeur Raoult parle du virus OC43. En effet, depuis quelques temps, ce coronavirus qui est aujourd’hui bénin pour l’humain, est pensé comme étant à l’origine de la pandémie de grippe russe qui ravagea le monde entre 1889 et 1894. Il ne s’agit toutefois, et malgré quelques éléments cliniques et phylogénétiques, toujours que d’une hypothèse à ce stade.

A moins que le Professeur Raoult estime que l’on nomme cette pathologie Covid-19, pour XIXe siècle. Mais cela est fort peu possible.

 

Paul-Emmanuel Vanderriele




7 commentaires:

  1. Oh mon dieu : Hanouna + Raoult = 1000 raisons d'éteindre la télé normalement (décollement rétinien assuré assorti d'une nécrose du cortex frontal). C'est très courageux d'avoir regardé l'émission et un grand merci pour ce résumé/débunkage. Par contre impossible de mettre en partage la publication :(

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  2. Votre argumentation me semble peu convaincante (lol). Contrairement au Prof. Raoult, j'ai bien peur que vous restiez 'unknown' encore longtemps, et c'est très bien ainsi.

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    1. Vous savez mon cher Marc, un scientifique ne cherche pas la notoriété. Celui qui la cherche est un mauvais scientifique. Tout comme le serait le politique qui chercherai à avoir 100% des voix. En général c'est un dictateur et il finit toujours mal.

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  3. Vous semblez ne rien comprendre au vivant. La santé ne s'injecte pas. je vous conseille de re-devenir vous même et de vous connecter á votre âme et conscience. Vous vous trouvez dans un théatre, à jouer un rôle qui vous amènera à votre perte. Prenez soin de vous et évitez les prochaines injections!

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    1. Depuis que j'étudie le vivant mon cher Nicolas je crois bien, bien mieux comprendre le vivant que vous. Si, comme vous le dites, la "santé" (terme que vous ne définissez pas) ne s'injecte pas, alors pourquoi vouloir manger équilibré, bio, sain?
      C'est drôle car vous tous parlez de perte. Vous êtes des marionettes d'un spectacle qui vous dépasse. Ceux qui vous poussent à ne pas se faire vacciner se servent de vous. Moi je ne me présente pas. Philippot, Wonner, Réinfo Covid, etc oui. Vous êtes leurs pions.

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  4. Merci pour votre travail.

    En temps que travailleur d'une IEG, je n'ai le droit de me prononcer en public sur le marché de l'énergie, le développement des EnR ou la SNBC, les orientations des GRD ou du GRT, les décisions du CEA concernant la générations IV ou les choix politiques qui touche à la filière nucléaire qu'à titre personnel.

    J'imagine que de nombreux concitoyens sont dans mon cas, ils ne peuvent pas ouvertement donner leur avis tout en affichant leur fonction dans la sphère professionnel.

    Concernant ce Monsieur, et vu comment il se présente, sa parole est encadrée par l'article R4127-13, je me trompe ? Dès lors,
    - Comment expliquer qu'il ne soit pas déjà devant un conseil de discipline ?
    - Peut-on parler d'impunité ?
    - Ou alors, selon vous, ses propos sont conformes à la réglementation et il s'agit d'un exercice utile à la démocratie, à l'instar du contradictoire du 5eme article du code de déontologie des avocats par exemple ?

    Robottino

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    1. Bonjour et merci pour votre commentaire.
      Je crois surtout que beaucoup de professeurs d'université prennent beaucoup de liberté avec la parole. Il y a souvent peu de sanctions qui tombent. On parle de Raoult, dont les prises de positions ont été trés dommageables. Mais on pourrait parler de nombreux autres professeurs qui, en France, ont outre passer toutes les réserves possibles. Ex parmi tant d'autres: Gollnish, Hillard, Chauprade, etc.

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  NB  : Il est possible que ces lignes soient mal interprétées par la faune du net. Je précise donc que l’objectif de ma réponse n’est que ...