mercredi 28 juillet 2021

Mon avis sur le pass sanitaire

 Youtube a supprimé la vidéo dans laquelle je lisais ce texte! 

Nous avons, et sommes toujours, mis en échec.

L’échec ! L’échec n’est pas le thème de cette vidéo, de ce texte. Mais il est le meilleur mot pour décrire mon sentiment.

Je dois d’abord vous prévenir. Ce texte est dégueulasse. Politique, il n’a rien à faire sur cette chaîne. Mais c’est vous, en tous les cas un certains nombres d’entre vous, qui me l’avez demandé. Soyez responsables de votre demande. Pour les autres, celles et ceux qui ne m’ont rien demandé du tout, je suis désolé : vous allez souffrir pour les autres !

Souffrir pour d’autres ! Quel étrange sentiment ! C’est, et il faut bien le comprendre, celui qu’a les françaises et les français qui manifestent contre le pass sanitaire !

Souffrir pour d’autres ! Aimeriez-vous, vous autres convaincus de l’utilité vaccinale souffrir pour d’autres ? Comprenons-donc les ces gens, ces antivax, ces anti-pass- j’amalgame et tant pis- qui pensent souffrir pour rien ! Pour un vaccin sans effet ! Pour un vaccin qui, de leur point de vue, n’est qu’une thérapie génique. Une thérapie génique. Ils ne sont pourtant pas malades. Une thérapie ! Une thérapie ? N’est-ce pas pour soigner ? Soigner un individu sain. Mais que c’est étrange. Pourquoi donc un gouvernement, que dis-je des gouvernements réunis dans ces affreuses institutions du nouvel ordre mondial dirigée, au mieux par la juiverie internationale, au pire par des illuminatis sans doute reptiliens, voudraient génétiquement traiter des individus sains si ce n’est pour les rendre plus dociles aux ordres ? Gustave Le Bon nous avait prévenu. Georges Orwell aussi. Pourquoi donc ne les avons-nous pas écoutés ? Leur message était pourtant clair.

Oui, je caricature quelque peu leur discours. Mais je n’ai nullement créé ici un homme de paille. Thérapie génique, nouvel ordre mondial le plus souvent couplé au terme agenda, juiverie internationale, voire même Liste de Shindler, sont leurs mots. Pas les miens. Et encore, je devrai ajouter Hygiénistes, dictature sanitaire, voire dictature tout court, ségrégation, apartheid, ou citoyenneté à deux vitesses. Et encore, je n’ai pas repris ici les saintes paroles de maître di Vizio sur la vaccination (à prononcer en anglais puisqu’il le fait rimer avec start-up nation et innovation) : « la vaccination n’est que l’arbre qui cache la forêt de ce monde augmenté, de ce monde de transhumanisme. Oh, bien sûr il est ça ou là des médecins pour ne pas le voir et nous dire que tout cela n’est qu’injection ». Le mot est aussi à prononcer en anglais. Et encore… Et encore, je ne vous ai par parlé du bourgeoisisme intégral, de ce bourgeois mental qui, imbécile qu’il est, voit des complotistes partout, un « planqué qui préfèrera toujours avoir tort avec Véran que raison avec Philippot ». Et encore… Et encore, je pourrai ne jamais terminer.

Alors oui, si j’étais comme eux, si j’observais le problème sous cet angle déformant j’aurais sans doute peur. Nous devons les comprendre !

Les comprendre ! C’est le conseil de certains ! Ce que je conseille aujourd’hui, c’est de nous comprendre nous. De comprendre nos erreurs, nos échecs !

Nos échecs ! Le mot est lancé. Oui, nous avons failli. Nous autres scientifiques, nous autres chercheurs, nous autres vulgarisateurs. Nous avons failli.

Nous avons failli à rassurer nos concitoyens sur les vaccins. Dans cette guerre de l’information, les désinformateurs ont su se réunir, discuter entre eux, faire des centaines de vidéos communes. Ils ne sont qu’une quinzaine, qu’une vingtaine. Mais ont, grâce à leur union, une force de frappe sans pareille. Richard Boutry a réussi le tour de passe incroyable, disons-le, incroyable de tous les réunir sans sa Une TV. De notre côté il n’y a eu que des tentatives timides de rassemblement : kesacovid grâce à l’exceptionnelle Tania Louis et les consultations du talentueux Primum non nocere. Mais là ou Boutry réunit 20 personnes, Primum en invite 3 ou 4. Sans unité il n’est point de victoire possible. Les réseaux sociaux leur appartiennent donc !

Nos échecs ! Le mot est lancé ! Oui, nous avons failli. Nous autres croyants, nous autres catholiques. Nous avons failli.

Nous avons failli à rappeler ce qu’est la chrétienté. Comment pouvons-nous admettre que des femmes et des hommes se disant croyant, comme Henrion-Caude, comme Boutry, Comme Lalanne, comme Di Vizio soient les portes drapeaux de ce mouvement anti-vaccin et anti-pass sanitaire ? Comment pouvons-nous admettre, alors que la papauté et que, chez nous en France, la Conférence des évêques de France, invitent le public à se faire vacciner et à accepter le pass-sanitaire, leur discours soient inaudibles face au brouhaha de ces gueulards catholiques ? Nous avons failli à rappeler le principe de charité qui veut que le plus pauvre doit être secouru, que le plus vulnérable doit être protégé. Or, et les statistiques le montrent, les plus pauvres, les plus vulnérables paient le prix le plus fort de cette pandémie. Les voilà qu’ils meurent en masse ! Comment pouvons-nous laisser des catholiques cracher au visage de ces pauvres erres au moment où nous devrions leur tendre la main ? Nous avons failli à rappeler le principe de communion humaine si bien décrit par le théologien Teilhard de Chardin et résumé en cette phrase par Sainte Mère Thérésa : « Quand je les soigne eux, je le soigne Lui ». En pansant les plaies d’un homme, on panse l’humanité. Ont-ils oublié tous ces catholiques intéressés que par leur propre reflet, leur propre pouvoir, qu’en rependant des mensonges sur les vaccins ils blessent le Christ et donc l’humanité ? Ont-ils pensé qu’en invitant le public à ne pas se vacciner c’est le Christ et donc l’humanité qu’ils assassinent ? Nous avons failli à rappeler que le catholicisme n’est pas, n’est plus l’ennemi de la science depuis longtemps. Il est toujours des brebis égarées qui ne sont plus que les carricatures que l’on fait d’elles.

Nos échecs ! Le mot est lancé ! Oui, nous avons failli. Nous autres démocrates. Nous autres qui avons foi à la souveraineté populaire. Nous avons failli.

Nous avons failli à rappeler ce qu’est une dictature. Nous avons failli en laissant des manifestants porter l’étoile jaune. Nous avons failli en oubliant les leçons de Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature et auteur, entre autre, de La Fin de l’Homme Rouge. La dictature se concentre sur l’idée, sur la parole et non sur le levé de coude en terrasse. Nous avons failli en oubliant de rappeler l’exigence démocratique. La responsabilité de chacun. La démocratie n’est pas pour soi, pour l’individu égoïste qui ne voit la liberté que sous l’angle de son plaisir primaire. Nous avons laissé croire à l’individu roi pour qui aucune contrainte ne doit exister, pour qui aucune responsabilité ne peut être. Pourquoi me fatiguerai-je à sortir mon portable ou un papier avant de m’asseoir en terrasse ? Notre civilisation n’est pas fondée sur l’inexistence de l’autre mais sur l’implication de tous à en soutenir un. Le plus faible ! Et le plus faible est aujourd’hui, le Grand Oublié !

Le pass sanitaire, qui sera une contrainte dans la liberté de travail des commerçants- je n’oublie pas être fils de cafetiers-restaurateurs- est donc, à mes yeux, un mal nécessaire nés de divers échecs. Oui, si nous avions été plus pédagogues, plus combatifs, plus unis, nous n’en serions pas là. C’est bien sûr aussi, à un degrés certain, l’échec du gouvernement. Mais celui-ci n’est pas le mien. Et avant de regarder la paille dans l’œil du voisin, je regarde la poutre dans le mien. En un mot mes propres faillites, mes propres échecs, mes propres responsabilités.

Mes responsabilités ! Elles sont aujourd’hui de rappeler que les vaccins autorisés sur notre territoire présentent une balance bénéfice/risques très largement, très significativement, en faveur des bénéfices. Se faire vacciner est un acte citoyen. Et, par exigence démocratique, la vaccination est in fine, un acte d’amour pour soi, pour l’autre, pour tous !


Paul-Emmanuel Vanderriele

mardi 27 juillet 2021

Je suis fatigué!

 

Je suis fatigué. C’est dit. Je suis fatigué!

Il y a quelques jours, le président de notre république a étendu le Pass Sanitaire. Depuis les réactions fusent. Tant sur le pass que sur les vaccins. Que n’ai-je pas vu sur les réseaux sociaux ! Que n’ai-je pas lu ! On dit que les réseaux sociaux sont les bistrots modernes. L’alcool en moins. Je peux aujourd’hui assurer que non. Le fils de cafetier-restaurateur que je suis vous le dit : les gens étaient infiniment moins cruels dans les bistrots. Bien sûr, nous entendions beaucoup d’âneries, des critiques permanentes, des raisonnements faux. Dans ces cafés du commerce le monde était fait, défait, refait avec gouailles ou veulerie. Mais jamais avec cruauté. Jamais avec cette cruauté mêlée de crasse inculture faisant dire à certains, à beaucoup, à beaucoup trop que les individus ne voulant pas se faire vacciner sont comme les juifs d’alors, ou le vaccin à ARN ou non d’ailleurs, tant tout est confondu, est le nouveau Zyklon B. On porte l’étoile jaune comme signe de résistance. Cette étoile jaune qui, il n’y a pas si longtemps, signifiait une mort presque certaine.

Et de résistance à quoi d’ailleurs ? A des lois iniques ? A la mise en place d’une dictature fasciste ou communiste ? Non. A la science.

A la science oui. Car c’est bien contre la science que se lève ces résistants en pyjama. Dans le confort et la sécurité de leurs demeures, assis sur leur canapé acheté à bas coût à Conforama grâce aux petites mains travailleuses asiatiques ou polonaises, devant une télé qui hurle et un smartphone qui crache d’insipide discours, ils beuglent leur méconnaissance de la science. Nous n’avons pas assez de recul ! Un peu plus malheureux et tu tomberas de la falaise. Nous ne connaissons pas cette technologie ! Tu parles, elle est née bien, bien, bien avant ton portable. Le trouves-tu dangereux ? Il n’y a pas eu suffisamment de tests. Jamais tests ne furent réalisé à une aussi grande échelle. La Tour de Babel était moins haute que cette échelle-là.

A quoi ont servi nos heures passées à lire, à résumer, à écrire, à filmer, à monter, à partager ce que dit la science sur les vaccins. Un soir, alors que vous souhaitiez une vidéo plus vulgarisée sur les vaccins, j’en ai tourné une de nuit. L’éclairage est mauvais, la voix est tremblante, l’œil fatigué. Alors non. Non, il n’y a pas eu un manque d’informations. L’information, nous l’avons diffusé. Non. Non, il n’y a pas eu un manque de pédagogie. Pédagogue, nous l’avons été.

Mais voilà, c’est internet. Internet ou l’information se diffuse horizontalement. Ou toute voix vaut l’autre. Alors, pendant que Fouché et consorts débitaient leurs conneries, leurs contre-vérités, leurs insultes à la science, faisant des centaines de milliers de vues, nous n’en faisions que des centaines. Parfois mille, parfois deux-milles. Il est facile de raconter n’importe quoi. Bien plus dur d’être strict sur les données.

Mais voilà. C’est internet. Internet ou chacun est libre de ses recherches, de ses maîtres à penser, de ses gourous. Libre et donc responsable. Si tu veux écouter une vendeuse de chaussure plutôt qu’un biologiste c’est ton choix. Emma Kursi te dit de ne pas te faire vacciner. Moi, tout en respectant ta liberté, t’y encourage. Ecoutes qui tu veux. Fais ton choix et sois-y responsable.

L’horizontalité de l’information sur internet, l’égalité des voix est un drame du monde moderne. La parole d’Etienne Klein a, sur les réseaux, le même poids que celle d’un Jean Robin qui te raconte que l’Univers n’a que 5000 ou 7000 ans ! La voix d’un Jancovici a la même force que celle d’un anonyme négateur du changement climatique ! La voix d’un cadre de chez Pasteur ne vaut pas plus que celle d’un Silviano Trotta. Le drame de notre époque ! Et nous n’en sortirons pas. Et nous en sortirons encore moins vite que les journalistes, à quelques exceptions près s’incultures avec une célérité jamais vu jusqu’alors ! Pour Zemmour l’immigration n’est qu’un problème légal. Le changement du climat n’y est pour rien puisqu’il n’existe pas ! 

Alors, permettez que je sois fatigué ! Fatigué lorsque je vois les manifestations contre les masques, la vaccination, le pass sanitaire. Permettez que je le sois lorsque je vois dans ces cortèges des élus de notre république. Lorsque je vois ma famille politique, ma famille religieuse en grand nombre.

La liberté nous y tenons tous ! Et tous nous veillerons à la protéger. Non car elle est un droit. Mais parce qu’elle est l’Histoire humaine. Elle nous transcende. Nous ne sommes que des nains juchés sur ces épaules. Mais le mensonge garantie une fausse liberté. Et tous vos gourous, épouvantars en paille pourrie, vous mentent. La base de votre pseudo-liberté est donc pourrie et vos illusions s’effondreront avec elle.

Je suis fatigué. Fatigué finalement de vous voir si nombreux irresponsables. Vous créez des mythes pour y fourrer des bouc-émissaires. Ce n’est pas vous : c’est la science. Sans avancée humaine il n’est point de liberté. Jamais, ne l’oubliez.

Paul-Emmanuel Vanderriele

lundi 26 juillet 2021

Covid longue et traitement: ma réponse à Tatiana Ventôse!

 

Six années ! Ou presque ! Vendredi passé, après six années, ou presque, de travail, nous avons terminé et envoyé notre papier. Six années de travail qui se concluent par un papier. Enfin, conclure. Le terme est pour le moins inapproprié. Mais il n’y en a malheureusement pas d’autre. Le français, aussi riche que soit la langue, ne possède pas suffisamment de vocable pour décrire le monde scientifique. Un papier n’est pas une conclusion mais est souvent le début d’un nouveau projet, l’ouverture à de nouvelles perspectives. Certains diraient une renaissance. Là encore, ce serait faux.

Six années ! Ou presque ! Mise en place du modèle, étude de la modification génétique, description d’un mécanisme probable et identification d’une possible cible thérapeutique. Probable ! Possible ! Il n’y a pas, et ce malgré une utilisation rigoureuse de la méthodologie, des outils et des techniques scientifiques, de quoi modifier notre perception du monde. Il n’y a pas même de quoi grandement modifier la vision que nous avons de la pathologie que j’étudie depuis un certain temps déjà.

Six années ! Ou presque ! Pour du probable. Pour du possible. La recherche avance à petits pas. Un petit pas pour le chercheur et, trop souvent hélas, pas un grand pas pour les patients. Une simple petite bougie qui éclaire un théâtre trop vaste, un théâtre dont nous n’apercevons pas les contours.

Six année ! Ou presque ! Pour lever une part infinitésimale du voile d’une maladie, d’une pathologie complexe. Toutes le sont ! Toutes sont multifactorielles ! Toutes affectent de nombreux tissus.

Il parait, selon cette célèbre déclaration du Général que nous cherchons beaucoup mais que nous trouvons peu. En réalité nous trouvons beaucoup. Mais nos pas sont si petits que le public ne peut les voir, ne peut les comprendre. De notre hauteur d’homme, le déplacement d’une puce est invisible. Pourtant elle avance. Il faut le dire. Ce n’est pas notre faute : c’est la nature qui est complexe ! Sacrée évolution !

L’incompréhension de cette complexité fut le drame de l’actuelle crise sanitaire. Le public, au sens large, a cru les dires de certains médecins : un traitement, un seul, pourrait entièrement soigner une maladie aussi complexe que la Covid 19. Voilà donc qu’une potion magique pourrait faire disparaître tous les symptômes liés au virus, et chez tous. Pourquoi diantre s’embêter à avoir plusieurs types de traitements chez les hypertendus ? Chez les diabétiques ? etc. Pourquoi donc perdre son temps en cherchant les mécanismes d’entrée du virus ? Son processus de réplication ? Ses effets sur les reins, les tissus olfactifs, le système limbique ? La croyance en la molécule unique ou en une combinaison unique pour les soigner tous s’est infiltrée dans l’esprit du public et a fait perdre la raison à une part, longtemps croissante, maintenant en déclin, de la population. Au point que les critères d’inclusion et d’exclusion des divers essais cliniques à grande échelle étaient imperméables à l’intelligence du plus grand nombre. Tentons l’exemple pour plus de clarté. Pour traiter l’immunodéficience acquise, plus communément le SIDA, pathologie due à un virus à ARN, il existe de multiples trithérapies, c’est-à-dire de multiples combinaisons de molécules. Il est vrai, et c’est une simplification outrancière langagière, que nous parlons communément de trithérapie au singulier. Le français n’est sans doute pas fait pour la science ! Ou est-ce notre esprit ?

L’incompréhension de la complexité fut le drame de l’actuelle crise sanitaire. Répétons-le. Signe des temps, Barbara Stiegler, fille du père de la philosophie de la complexité, a pondu, en début d’année, un ouvrage d’une simplicité intellectuelle indigente ! La complexité semble être morte avec son père !

Alors, ma chère Tatiana, tu as tort. Tu as tort lorsque le 20 juillet tu t’écris sur le site à l’oiseau bleu et, sans doute folle de bonheur, que des chercheurs ont trouvé LA cause et LE traitement au Covid long (oubliant le féminin au passage). Et qu’en plus, écris-tu, ce n’est pas une blague. Ce n’est pas une blague mais une mécompréhension de ta part. Brièvement sur l’article, ils ont développé un modèle d’analyse in sillico et de discrimination des patients en Covid courte ou longue en se basant sur les facteurs d’inflammation et immunologique plasmatique. En aucun cas ils n’expliquent avoir trouver LA cause unique d’une covid longue et, encore moins LE traitement ; le mot therapies étant toujours au pluriel dans l’article. Ils indiquent simplement que leur méthode de classification aidera grandement les cliniciens à diagnostiquer et trier les patients. Un premier tri seulement donc. Un petit pas de plus et rien de plus. Car c’est cela la science : une vieille dame avançant par petits pas. Dès lors, Tatiana, pourquoi penser que cet article puisse donner une cause unique et un traitement unique à une pathologie aussi complexe que la Covid 19 ? Et, qui plus est, d’une longue Covid ? N’as-tu donc rien appris de la crise qu’a traversé et que traverse toujours le monde de la recherche en ce moment ? N’as-tu donc pas compris, au long de ces longs mois de malheureuse et bien regrettable souffrance pour toi Tatiana, que la complexité ne se résume pas au singulier mais se conjugue au pluriel ? Alors, oui, je comprends. Je comprends l’espoir que peut faire surgir en toi une telle publication.

L’espoir. Oui, Tatiana. L’espoir. L’espoir d’une, de LA solution miracle, a poussé tant de gens à suivre des chercheurs, des médecins qui, sortant des sentiers battus, sentiers tracés par la méthodologie et l’histoire de la science, ont affirmé avoir une potion magique. La volonté de devenir un héros est très présente dans l’esprit d’un chercheur. Comme l’a dit un jour feu le professeur Axel Khan : « Un chercheur est avant tout un homme qui a foi en lui et en son propre génie ». J’ajouterai ici que cette foi doit être réduite au silence pour laisser place au consensus.

Le consensus, chère Tatiana, est le fruit mûr de la critique, des attaques acerbes, des réflexions, des discussions. C’est l’autre drame de l’actuelle crise. Et là encore, Tatiana, tu es tombé dans le piège. Ce piège, presque invisible pour le public, de la critique scientifique. Un article n’est pas une conclusion. Il n’est qu’une étape. Une petite borne sur une route pratiquement infinie. Mais cette borne peut-être mal placée, déformée, mensongère de la mesure. Grâce à la critique, elle deviendra stable, fixe, bien ronde, vérité. Elle deviendra consensus. La recherche c’est le doute crient en cœur les commentateurs sur les réseaux sociaux. Oui, c’est le doute. Mais un doute raisonné et raisonnable. Un doute précis et détaillé devrais-je même ajouter. Dès lors, dans cette grande arène qu’est le monde scientifique, il n’est pas de petits ou de grands chercheurs. Il n’est que chercheurs spécialistes d’un domaine qui se disputent. Et la dispute ne peut se faire que dans cette arène car, comme l’explique Bachelard pour parler science il faut en posséder le vocabulaire. Cela ne laisse nullement le public en tant que spectateur mais cela signifie qu’un plateau de télévision n’est pas une arène scientifique. Cette notion-là est de plus en plus difficile à faire comprendre au citoyen d’aujourd’hui. Répétons-le : les débats sur les plateaux de télévision ou sur Youtube ne sont pas des débats scientifiques. En ce sens, la dernière sortie de Blachier, d’Henrion-Caude, de Fouché ou de qui que ce soit d’autre sont nulles et non advenues pour le monde scientifique

Bien malheureusement, le public se sent exclu. Surtout, si on ajoute cette observation de Bachelard dans son ouvrage La formation de l'esprit scientifique : qu’« une expérience scientifique est une expérience qui contredit l'expérience commune ». Prosaïquement, les anecdotes personnelles ne font pas la science. Mais le mensonge non plus. Et d’autant moins qu’il ne fait la démocratie ! Dans un article du New York Times du 23 avril 2020, le Prix Nobel de littérature turc Pamuk Orhan déclare que « L’histoire et la mémoire littéraire des épidémies nous montre que l’intensité de la souffrance, la peur de la mort, la terreur métaphysique et le sens du surnaturel chez la population affligée étaient proportionnels à l’intensité de leur colère et de leur insatisfaction politique ». Dans son dernier ouvrage, Night of Plagues, publié l’an dernier et non encore traduit en français, il raconte comment les gens ont toujours réagi aux épidémies en rependant des rumeurs et de fausses informations et en présentant la maladie comme étrangère et introduite avec des intentions malveillantes. Dans notre siècle qui se veut moderne, nous en sommes là. Toujours ! Encore ! La nouveauté cependant est le rôle qu’ont joué certains membres ou ex-membres plus ou moins éminents de la communauté scientifique.

Le mensonge ! Quelle misère. Depuis plus d’un an que je discute du sars-cov2, des vaccins et aujourd’hui du pass sanitaire, on m’a accusé de tous les maux : d’avoir un esprit dictatorial, d’être vendu à Big Pharma, d’être payé par le gouvernement, d’être un chercheur au très bas QI, de haïr le peuple ! Ce sont ceux qui mentent pour leur propre profit, pour leur gloire personnelle qui haïssent le peuple. Ce sont ces médecins, ces scientifiques qui vous font croire à une solution miracle et qui, par passion personnelle, politisent, pervertissent les débats de recherche, qui haïssent le peuple. Le mensonge n’est en aucun cas l’allier du citoyen. Au contraire il est son adversaire le plus sournois, le plus rude à combattre. Comment d’ailleurs donner de saines bases à la démocratie par le mensonge ? Et si je vous dis que pour réduire, voire totalement éliminer le changement climatique, il suffit de supprimer tout déplacement maritime. Fini les supertankers, les bateaux de croisière, les thoniers et autres chalutiers. Me croiriez-vous ? Bien évidemment que non ! Une solution si simple pour un problème si complexe vous paraitrait fou ! Il ne vous reste plus qu’à transposer pour vous rendre compte de vos erreurs, de vos errements.

Le mensonge ! Quelle misère. Je peux tout à fait entendre et comprendre que nombreux sont les gens qui, artisans, professionnels du tourisme, artistes, restaurateurs, ou autre se retrouvent dans les manifestations contre le Pass Sanitaire, la pandémie actuelle ayant ruinée leurs vies. Il est vrai que de très, de trop nombreuses vies furent gâchées, brisées, détruites par ce virus sorti du fin fond d’une forêt asiatique. Les gouvernements occidentaux dans leur ensemble, excepté sans doute en Nouvelle Zélande, n’ont pas pris toutes les bonnes décisions à temps et les justes mesures. Avouons ici, dans cet aparté politique, que leurs opposants n’auraient pas fait mieux. Certains d’ailleurs, auraient fait pire. Mais ce que je sais également c’est que beaucoup de manifestants croient aujourd’hui en des contre-vérités, en des mensonges. Nous aurions tous aimé que des traitements, à l’instars des trithérapies pour le sida, fonctionnent. Mais il n’en ai rien. Ces potions magiques, pour reprendre mon exemple sur le changement climatique, représentent la fin du vélo. Pensez-vous que si le vélo était interdit cela changerait quoi que ce soit au dérèglement climatique ? Au contraire, cela empirerait le phénomène à la marge. Là encore, transposez ! Dès lors, puisque la recherche n’a toujours pas trouvé de thérapies à la Covid, la solution du tout vaccinal semble être la plus adéquate. Le vaccin, toujours dans mon exemple climatique, est l’éducation. L’éducation de tous dans mon exemple. Et avec l’éducation qui va conduire au changement de comportements il est d’une probabilité non négligeable, significative que nous puissions changer les choses.

Si vous souhaitez être libres et donc responsables, chassez le mensonge de votre esprit. Soyez attentif aux nouvelles de la recherche et non aux beuglements des plateaux de télévision et aux discours abscons d’aventuriers de la rhétorique primaire qui pullulent sur les réseaux sociaux. Il y a eu, ces 16 derniers mois, sur cette chaîne, de l’information sourcée sur tout ce qui concerne le sars-cov2. Etant chercheur moi-même je suis entré dans cette arène des sciences pour mener combat. Après un dernier article sur le blog de la chaîne concernant l’origine biologique du sars-cov2 (ou vous trouverez le transcrit de cette vidéo), et sans doute une vidéo tik tok sur l’historique des vaccins à ARNm, je sortirai de cette arène-ci pour entrer dans une autre. Je ne vois en effet pas ce que je peux ajouter de plus sur cette problématique. Avant la fin de l’année vous trouverez notamment ici des vidéos sur le changement climatique et la santé. Comment ce dernier affecte notre biologie ? Un nouveau combat d’informations nécessaires, impératives. Mais je sais que là encore, les débats feront rage dans les commentaires.

Amis, manifestants, un dernier mot pour vous. Défendre la liberté c’est une bonne chose. Mais, et je reprends ici le mot de la conférence des évêques de France, ne confondez pas les libertés. Mais surtout, surtout, ne les hypothéquez pas sur du mensonge ou sur des théories farfelues. Vous seriez alors les grands perdants. Vous êtes responsables de vos sources d’informations. Et cette responsabilité vous engage face à vos enfants, vos parents, vos amis, vos voisins. N’oubliez jamais aussi que la démocratie est exigeante. Qu’importe votre famille politique. L’exigence démocratique ordonne d’écouter l’autre, de prendre en compte ses opinions, de les comparer aux siennes afin, à minima, d’entre-apercevoir le faux ou il se trouve. Durant cette crise, j’ai rencontré et ai eu l’occasion de discuter avec des gens sublimement engagés. Je vais notamment penser à Alexander Samuel. Nous sommes de familles politiques bien distinctes mais l’exigence démocratique et un certain amour de la vérité nous ont permis de nous retrouver sur de nombreux points.

Tatiana, aussi grande que soit ta souffrance, prend le temps de réfléchir sur la complexité des mécanismes biologiques, des mécanismes du monde et ne tombe plus dans l’espoir d’une solution simple. Tu es, je n’aime guère ce mot, une influenceuse. Tes tweets ont un impact.

A tous ceux qui se sont désabonnés de Dirty Tommy, sachez que je ne l’ai pas fait. Je l’écoute pour ses critiques cinéma et non pour son avis scientifique. Il est sorti du cadre et du contrat passé avec ses abonnés. Cela est vrai. Mais une chaîne est personnelle et je sors moi aussi parfois du cadre. Lui aussi, est comme Tatiana, un influenceur et dois prendre ses responsabilités. Mais vouloir se désabonner pour une seule vidéo me paraît une trop lourde peine.

Enfin, à tous les amoureux de la science, je vous invite à suivre la chaîne pseudo-croyance. Il n’y a pour l’instant qu’une vidéo mais je fais le pari de qualité pour son avenir. Le lien est en description. Pour les tipers, la vidéo sur Raoult vous sera envoyé à partir de la rentrée. J’ai besoin de travailler le texte.


Paul-Emmanuel Vanderriele

La vidéo: https://youtu.be/eiaO3wNHI80

 

Citizen4Science donne une image erronée du monde de la recherche!

  NB  : Il est possible que ces lignes soient mal interprétées par la faune du net. Je précise donc que l’objectif de ma réponse n’est que ...