jeudi 25 novembre 2021

Didier Raoult devrait payer pour ses résultats frauduleux!

 

Mes amis, le sujet est sérieux. Sérieux certainement, drôle possiblement ! Rassurez-vous. Vous comprendrez bientôt pourquoi j’emploie le terme « drôle ».

Dans les dossiers d’enquête de l’AP-HM sur les méthodes scientifiques et managériales du professeur Raoult et des chefs de pôle de l’IHU marseillais, des membres du personnel se mettent à table. Et, ne boudons pas notre plaisir, presque notre victoire : certaines déclarations sont croustillantes. L’un déclare qu’il est mal à l’aise face, ouvrez les guillemets, à « des pratiques scientifiques et éthiques regrettables ». Un autre va plus loin en expliquant, et là à nouveau les guillemets s’ouvrent, qu’il « n’y a pas de véritable science derrière les publications de l’IHU depuis des années ». Le chercheur que je suis s’interroge sur ce terme « véritable science ». Que souhaite nous dire l’auteur de ces propos ? Il faut lire plus avant. Ce médecin poursuit par cette terrible affirmation : « Les résultats présentés doivent correspondre aux hypothèses faites par Didier Raoult ». Stupeur et tremblements ! Soyons honnête ! Depuis longtemps la stupeur nous a quitté lorsque l’on parle de cet institut.

Les résultats doivent correspondre aux hypothèses ! Donc, selon ce médecin, pour le professeur Raoult, la réalité biologique doit donc être ciselée pour entrer dans la forme hypothétique. Et tant pis pour ce qui aurait été supprimé. Les statistiques, la méthode, la reproductibilité aux oubliettes. Et la clé est jeté. Le professeur Raoult, du haut de son génie, ordonne et la réalité obéie. Pour paraphraser Bernanos, la réalité n’est qu’une naine juchée sur les épaules du géant Raoult !

Les résultats doivent correspondre aux hypothèses ! Ou du raisonnement de bas étage. Dès la seconde ou troisième année d’université les étudiants ne font plus ce genre d’erreur. Les professeurs dignes de ce nom le leur apprend. Est-ce à dire que les équipes de l’IHU Méditerranée n’ont pas le niveau d’un étudiant de licence ? Il serait faux de le croire.  Les cadres de l’IHU tentent par tous les moyens de se hisser sur le podium des équipes les plus citées au monde. A cela s’ajoute, et les témoignages le décrivent, le culte de la personnalité. On apprend par exemple que les vidéos du professeur Raoult tournent en boucle au sein de l’IHU.

Les résultats doivent correspondre aux hypothèses ! C’est pour cela, nous expliquent les médecins qui témoignent que lors des premiers tests cliniques de l’hydroxychloroquine pour lutter contre le SARS-CoV2, et ici ouvrons les guillemets pour citer, « les résultats n’allant pas dans le sens de Didier Raoult », le seuil de positivité des tests PCR a été modifié. Le nombre de cycles étant plus faibles pour les patients ayant pris le traitement que pour le groupe témoin. Là, si cela est avéré, et par soucis d’être factuel, restons sur le conditionnel, il s’agirait d’une falsification de résultats pour reprendre le terme des personnes entendues, d’une fraude manifeste si l’on n’a pas peur des mots, de bas étage. De bas étage oui ! Une possible fraude sans art ! Une possible fraude d’un niveau amateur qui passe largement sous les radars du reviewing. En effet, un reviewer ne peut un instant pas imaginer qu’un chercheur, qu’un médecin ait pu changer le nombre de cycles d’une PCR entre deux groupes de patients. Pourriez-vous penser qu’un faussaire imprime ses faux billets en noir et blanc ? Impensable tant ce serait grotesque ! Impensable pour un reviewer ! Pour un reviewer peut-être. Mais pas pour un Silviano Trotta, je vous ai dit que la situation était drôle, qui nous a averti à grand cri de la possibilité de fraude aux cycles d’amplification. Ah ! Jeune Silviano, tu vois que cette fraude n’a pas servi à gonfler artificiellement le nombre de sujet contaminé au sars-cov2 mais… à le diminuer ! Hilarant, n’est-ce pas ?

Une possible fraude sans art ! Sans art et pourtant publiée ! Ah qu’elles sont loin les fraudes détectées par la devenue célèbre Elisabeth Bik qui observe tous les jours sur son écran l’ingéniosité de certains faussaires des sciences !

Une possible fraude sans art qui a déchiré la France et une partie du monde en deux !

Mais faisons un pas de plus et interrogeons-nous. Les faussaires scientifiques, combien de divisions ? Selon le chercheur et journaliste scientifique Nicolas Chevassus-au-Louis, la malscience, pour utiliser son terme, est avouée par 2% des chercheurs interrogés. Le chiffre interroge. 2% ! Ah ! Le chercheur que je suis pourrait expliquer qu’en deçà des 5% ce n’est pas représentatif. Certes. Mais, tout de même : 2%. 2%... c’est déjà trop !

Et puis, avouons-le. Une question peut tarauder les esprits taquins. Comment cela se fait-il que personne n’ait dénoncé ces fraudes ? Médiapart y répond par l’atmosphère terrible qui règne au sein de l’IHU marseillais. Cela est sans doute une partie de la réponse mais le tableau n’est pas complet. Il est très difficile pour un chercheur de dénoncer une falsification de résultats au sein de son institut et encore plus de son équipe. Outre le fait qu’il faudrait qu’il le prouve, il devra convaincre des personnes qui ont confiance à la personne mise en cause. Comme son chef de laboratoire ou de service. Il faudrait donc convaincre ces personnes-là qu’elles font mal leur travail en n’étant pas assez attentives sur la production scientifique de leurs collaborateurs. Pas facile, n’est-ce pas ? Pas facile et dangereux pour la carrière. Pour reprendre un concept du philosophe Éric Sadin, les chercheurs aussi sont soumis à un isolement collectif. Le nez dans le guidon on se préoccupe peu des autres, de leurs recherches, de leurs projets. On a peur pour les nôtres et donc pour notre place, notre carrière. Cet isolement collectif tue la science ! Car s’il est nécessaire de dénoncer les falsifications déjà publiées, il serait plus utile de le faire avant soumission d’un papier.

Ah ! Le papier ! Alpha et Oméga de la vie d’un chercheur !

Ah ! Le papier ! Que de temps de matière grise et d’argent investi. Temps et argent perdu, jeter aux ordures de la science en cas de fraude. Parlons d’argent ! Un fraudeur fiscal qui se fait choper par un contrôleur du fisc paiera une amende. Un fraudeur qui ne paie pas son titre de transport et qui se fait contrôler, paiera une amende ! Et le chercheur ? La science est-elle à ce point en dehors de la société que le fraudeur scientifique ne paiera rien ?  Pourtant, l’employeur d’un chercheur public est le citoyen ordinaire qui finance une part de la recherche par ses impôts. Ne devrait-il alors pas demander des comptes au chercheur-fraudeur ?


Paul-Emmanuel Vanderriele

Pour aider: https://utip.io/lascienceteparle

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