Hier, avec un fort talentueux technicien qui m’aide
sur le projet, nous avons passé une dizaine d’heures devant une machine de
mesure de tension vasculaire. Une dizaine d’heures ! Simplement pour la mise
au point d’un de nos contrôles ! Le soir venu, rentré à la maison, tard !
les enfants qui crient, à nourrir, laver, embrasser et coucher. Et puis un brin
de ménage. Il est minuit passé. Le prochain bus est à 6 heures…
Une dizaine d’heures pour un contrôle ! Nous
aurions pu légèrement tourner une molette, modifier une image ou que sais-je d’autre ?
Au lieu de cette dizaine d’heures nous n’en aurions mis qu’une. Mais nous
aurions alors frauder !
Oui, c’est long la science. Le résultat ne vient
pas à nous. Nous devons le chercher ! Le débusquer ! Pour peu bien
sûr que nous nous soyons préalablement posé les bonnes questions !
Oui, c’est long la science ! Ce résultat
débusqué, analysé, décortiqué, mis en parallèle avec celui d’autres équipes
nous donne le saint Graal : la publication scientifique ! Cette
publication tant méritée ! Ce champagne du chercheur ! Ce diamant
brut que l’on ne tire pas de la mine tous les 4 matins…
Oui, c’est long la science ! Mais sans ce
temps impératif et irréductible aucun résultat ne peut être reproductible !
Aucun résultat ne peut alors avoir du sens ! Aucun résultat n’est digne d’en
être de la recherche !
Il existe mille et une façon de réduire ce temps.
Mais quelle que soit celle utilisée, on est dans la fraude.
Si la science c’est croire ce que l’on voit par la
méthode, la fraude c’est voir ce que l’on croit ! Éric Zemmour me
permettra sans doute de reprendre une partie de son propos et de l’affiner. Lui
qui, je cite, « voit ce qu’il croit ».
Si la science c’est valider ou invalider ses hypothèses
par des résultats méthodologiquement acquis, la fraude c’est valider ou
invalider ses résultats selon qu’ils soient, ou non, en accord avec nos hypothèses.
Le plus souvent les hypothèses du chef/directeur. Pour citer le Dr Guy-André
Pelouze : « La médecine
française est une médecine ou l’opinion de gens nommés à vie prévaut sur les
résultats scientifiques, expérimentaux, et en particulier sur les résultats
infalsifiables des essais cliniques. Ces personnes ont l’impression d’être dans
une situation d’omniscience. Ils affirment des choses et personne ne doit
remettre en question leurs propos ». Et c’est bien ce qu’a démontré l’enquête
de Médiapart sur le système de fonctionnement de l’IHU Méditerranée.
Bientôt, se tiendra à l’IHU Méditerranée, un
colloque de pseudoscience antivaccinale. N’ayons pas peur des mots : l’un
de nos fleurons de la recherche biomédicale française bats le pavillon des pseudosciences !
Selon le Dr Laurent Mucchielli, organisateur de ce colloque, je cite, « Ce colloque scientifique réunit uniquement
des universitaires qui ne répètent pas les discours officiels ».
Comprenons : ce colloque réunit uniquement des universitaires qui luttent
par la fraude contre le consensus scientifique ! Autrement dit, pour ces
chercheurs et leurs hôtes, la science est devenue une opinion. Banale !
Vulgaire ! Discutable à l’envie !
Un sondage paru ce matin fait froid dans le dos :
Plus d'un Français sur deux considère que les théories scientifiques ne sont
que « des hypothèses parmi d'autres ».
Voilà ou nous en sommes rendu ! Voilà le résultat de la politisation du
monde de la recherche ! La boîte de Pandore est ouverte ! Terrible
sera la suite !
Et pendant que d’indéboulonnables chef de services
ou directeurs d’instituts, devenus plus politiciens que chercheurs, imbues d’eux-mêmes
et de leurs propres certitudes, diffusent leurs théories fumeuses, et parfois
létales en biomédecine, de jeunes et talentueux chercheurs suent, publient peu
et, in fine, abandonnent par manque
de bourses. Des centaines, des milliers de talents sont jetés sur les trottoirs
aux limites du monde de la recherche comme de vulgaires ordures. Et au-delà du limes, pense-t-on, il n’y a que barbarie !
Et pourtant, la barbarie est bien à l’intérieur, grandissant à l’ombre de cette
trahison des tutelles si bien décrite
par le professeur Jacques Robert !
Les intervenants de ce colloque seront tels des
Staline : regardant leurs vidéos de propagande en se convaincant que c’est
la réalité ! Cette propagande, protégée par le monde politique et l’entre-soi
marseillais, sera diffusée au public par les réseaux sociaux. Encore une fois,
des chercheurs intègres se lèveront contre elle. Mais ils finiront broyés par
les insultes et autres menaces de mort. Dans l’indifférences crasse des
tutelles ! Dois-je ici leur demander d’agir ? En période d’élections
personne ne bougera ! Pourtant la désinformation tue la démocratie !
Mais c’est un péril lent ! Un danger impalpable jusqu’au jour de son
explosion !
Dans le monde de la recherche, au moins français, le
talent est broyé et jeté. Memento Mori !
Faisons-en sorte que la jeune garde mette fin à ces états de fait ! Le
talent fait fierté et donne l’éternité. La fraude est emportée dans la tombe.
Paul-Emmanuel Vanderriele
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